vendredi 29 mai 2009

Installations poétiques



Patrick Dougherty est un artiste américain -diplômé d’art en 1982- qui a passé son enfance dans les forêts de Caroline du Nord.
Sans doute parce qu'il est marqué par ces paysages sylvestres faits d'entrelacements, de ramures et de frondaisons, il lui vient l’idée d’exploiter les possibilités de ces ramifications.
Conjugant ses talents de charpentier, d'architecte et de sculpteur avec son amour pour la nature, il commence par apprendre les techniques de constructions de l'habitat primitif ou habitat naturel. Puis il se lance dans l'expérimentation de diverses techniques de tressages sur des matières flexibles telles que les joncs, les jeunes branches d'érables et de saules, tout ce qui présente assez de finesse et de docilité pour se plier à son imagination, et se met à réaliser ces curieux édicules, sortes de refuges imaginaires et poétiques, à mi-chemin entre le nid d'oiseau et la hutte du chasseur-cueilleur.



Véritables sculptures vivantes, édifications mouvantes et primitives, les oeuvres de Dougherty évoluent, tendant parfois vers des structures plus imposantes atteignant jusqu'à une dizaine de mètres de hauteur.
Il emprunte à la nature pour composer des oeuvres éphémères souvent exposées dans des espaces agrestes, plus rarement en milieu urbain, ainsi s’inscrit-t'il dans un mouvement à mi chemin entre le Land Art et le Mouvement Intuitif.

Au cours de ces vingt dernières années Patrick Dougherty a réalisé plus de 150 installations à travers les Etats-Unis, l'Europe et l'Asie, pour des musées, des universités, des parcs ou des jardins... tantôt représentant des sortes de cabanes primaires, tantôt des châteaux et des villas fantasques, des pièces abstraites ou des objets domestiques aux formes démesurées.

«Le travail est emporté par le spectateur, longtemps après qu’il ait cessé de le regarder. C’est ce souvenir qui lui confère sa longévité.»

jeudi 28 mai 2009

Se fondre avec les éléments



Diplomé de l'École des Arts-Décoratifs de Strasbourg en 1981, Nicolas Wintz est connu pour avoir exercé ses talents d'illustrateur et de dessinateur de BD chez des éditeurs comme Gallimard, Nathan, Casterman, Bordas, Bayard-Presse, Albin-Michel, Syros, Futuropolis Humanoïdes Associés... et participé à la réalisation de dessins animés pour le réalisateur suisse Animagination.

Mais au milieu des années 90, ressentant le besoin d'un contact direct avec les éléments, les matériaux et la nature, il commence à aborder la sculpture, de façon assez peu conventionnelle. Ce désir physique et spontané avec la matière, entre récup'art et matières brutes, le conduit petit à petit à expérimenter l'installation de sculptures dans la nature, de façon plus ou moins confidentielle, et à associer diverses techniques et modes d'expression, utilisant parfois aussi peinture et vidéo.


En Ardèche, dans les Alpes ou dans le Haut-Atlas, installations, reflexion sur le mobile et l'immobile. Le but étant -au final- non pas d'exposer au sens classique de l'oeuvre, mais d'exposer ses réalisations aux saisons et aux intempréries (actions conjuguées du soleil, de la pluie, du vent, de la neige...), de s'inscrire -lui et son oeuvre- dans le cycle vivant et complexe d'une Oeuvre plus grande encore, dans le rêve que ses sculptures soient, telles des offrandes, petit à petit intégrées et parfaitement digérées par la Nature, faire corps avec, une sorte d'art magique et quasiment incantatoire.

Et je pense inévitablement à ces empreintes de mains au pochoir dans la peinture rupestre, entre mimétisme et rituel magique, la main se glissant et disparaissant métaphoriquement pour se fondre à son environnement -celui de la grotte préhistorique- si on s'en réfère à l'interprétation qu'en donne Jean Clottes.
Selon lui ces empreintes étaient à comprendre, non pas comme la représentation de la main ou de l'humain, mais comme le résultat d'un rituel : lorsque l'homme du paléolithique mettait la main sur la paroi et qu'il projetait la peinture par-dessus, celle-ci se fondait dans la roche en prenant la même couleur... La main disparaissait ainsi dans la paroi et établissait une liaison avec le monde des esprits et les forces sous-jacentes à la roche. Ce qui permettait de bénéficier directement des forces de l'au-delà.



mercredi 27 mai 2009

À vos ciseaux !


Cliquer sur la flèche au milieu de l'écran pour démarrer la vidéo

Grande première historique, les blogs "De la course des nuages" et "Marie les bas bleus" ont l'immense privilège de vous proposer un défi : 100 Papiers !
Pour ceux qui souhaitent participer, il s'agit de réaliser -avant la fin août- une oeuvre utile, futile ou agréable, petite ou grande, exclusivement à base de papier ou de carton de récupération.
Colle et fil ou ficelle sont autorisés, ainsi que le papier calque.
Prière de s'inscrire en laissant un commentaire.



Pour vous, futurs participants, commence une formidable aventure. Aujourd'hui vous êtes assis devant vos écran, vous savourez l'instant présent et vous sentez comme des picotements dans vos doigts. Mais vous avez des doutes... "Vais-je y arriver ? Vais-je avoir les mains assez habiles, mon résultat sera-t-il à la hauteur de mes espérances ?"
N'écoutez pas tout ce qui décourage. La seule chose qui compte c'est de faire, bien ou maladroitement qu'importe !
Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des doigts de fée, l'important est de s'amuser.

Alors soyez nombreux, et surtout réjouissez-vous, l'exploit avec un grand "E" est à votre portée. Si si !


PS : Les participants autorisent la publication des images de leurs réalisations dans les blogs précités.
Les organisatrices sont autorisées à participer.

PPS: Pour les personnes intéressées, Acapela TV -le générateur d'infos- se trouve ici (Click !)


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Qui participe
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   • Akä : Du parti des myosotis
   • Alfred : Les voyages immobiles de Madame Alfred
   • Amélie : My Daruma
   • Angèle : Mam'zelle Angèle
   • Anne : Nain de jardin
   • Bénédicte : L'Aiguille Etourdie
   • Célouloute : Les petites créations de Célouloute
   • Christine : Les Créas de Nine
   • Christophe : La Chose de Mme Thénardier (Mr bas Bleus)
   • Ciorane la pauvresse : La cuisine de quat'sous
   • Cobaltines : Chiffons et Gourmandises
   • Corinne : Autour du lin
   • Eolune : Eolune et ses lutineries
   • Flemmarde : Le blog de la flemmarde
   • Graines de Madeleines
   • GrandSev : Au bonheur des ours
   • Grëllou
   • Hélène : Perla créations
   • Jenny : Aux Deux Mercières
   • Jojotte : Les bidouilles de Jojotte
   • Juan Olaf : Les aventures du comte Van der Biloute
   • Kate Coto : Fantaisie à gogo
   • Kokinos : Dame la lune
   • K.ro : Miss Yayas
   • L'araignée : L'araignée Fauchée
   • La Zine : Les fleurs de Zine
   • Les créas de Val
   • Lily : Lily la Fleur et sa Grande Soeur
   • Lorencel : Couleurs et Gourmandises
   • Margotte : L'escale de Margotte
   • MissKer
   • Natalibé : Les petites poupées de Nathalie
   • Oumloqman : Comme un papillon
   • Pipistrelle : Pipistrelle, Ribambelles et Bout d'Ficelles
   • Rumi : Fils et p'luches
   • Simone (celle à Roger) : Rose Chiffon
   • Sarah : Tibaba.ch
   • Valérie : Parfum du Ciel
   • Véronique : Boitémoi
   • Marie : Marie les Bas Bleus
   • Minie : De La Course Des Nuages

... (à suivre)

vendredi 22 mai 2009

Nuits polaires

"Sur les bords azur d’un horizon bleu
Voir la nuit s’épanouir
Au bord de l’océan des vents
Espace à découvrir"


Extrait de Bleu nuit (T. Morisset)

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En Norvège, de la mi-mai à début août, le soleil ne se couche pas, la nuit n'est qu'un long crépuscule.
Ensuite c'est l'inverse, la nuit polaire hivernale descend au nord du cercle arctique et s'installe pendant plusieurs mois sur la Norvège septentrionale. On a tout le temps de scruter le ciel à la recherche de l'aurore boréale, d'admirer les sombres rochers sur la côte du Bohuslän ou la beauté sauvage du Nærøyfjord...

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C'est sans doute pour cela que les installations de Rune Guneriussen sont faites d'alignements de chaises, de farandoles de lumière et de forêts nocturnes, bleues et énigmatiques, peuplées de gnomes et de lutins farceurs déguisés en lampes articulées...

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Et les ours en guimauve ?

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C'est sûrement pour tromper l'attente... et peut-être aussi parce que l'ours brun fait partie de la faune endémique norvégienne.

Je me lâche, tu te lâches...

...on slache !

SlachesChose promise chose due!
Avec en prime un petit bout de mes gambettes voici mes dernières oeuvres, des slaches d'une rare élégance, taillées dans de l'alcantara d'un exquis rouge alizarine, avec semelles extérieures en cuir basané de type nubuck et semelles intérieures, rouges, rembourrées par inclusion de semelles intermédiaires en skaï véritable avec léger réhaut sur la partie arrière... coutures ton sur ton piquées façon "sellier", finitions main, qualité et conforts garantis, de l'ouvrage de première qualité !
Petit mais costaud, il n'y a que slache qui m'aille !

Merci à Mam'zelle Angèle grâce à qui j'ai découvert le livre japonais «My Own Handmade Room Shoes».


Me voilà devenue pantouflarde, et ça tombe à point nommé, parce que j'ai un joli paquet de lecture a engloutir, à commencer par le passionnant roman de Stéphane Audeguy «La théorie des nuages» (merci à Giscard le survivant), et le fabuleux «Guide du chasseur de nuages» de Gavin Pretor-Pinney où j'apprends -entre autres- qu'il existe une nomenclature nuageuse. On peut en effet identifier les nuages, de la même manière qu'on le fait pour les plantes... c'est dire si je suis aux anges, je vais enfin pouvoir herboriser le nez en l'air.

Le ciel de mercredi m'ayant justement offert ce splendide sujet d'étude, je tente de mettre en pratique mes premiers acquis, apparemment il s'agirait d'un spécimen de cumulonimbus...

Cumulonimbus incus
«Les cumulonimbus sont des nuages d'orage caractérisés par leur gigantesque hauteur. Cette hauteur est habituellement suffisante pour atteindre le plafond de la troposphère, où ils se déploient en un panache de particules de glace qui peut apparaître lisse, fibreux ou strié. Leur base est sombre et ils produisent de fortes averses -souvent de grêle- qui peuvent être accompagnées de tonnerre et d'éclairs.»

Pour les manifestations climatiques c'était tout à fait ça, une pluie, très forte et accompagnée d'un vent violent, qui s'est transformée en grèle.
Et comme cette espèce de nuage colonnaire assez compact semblait surmonté d'une manière de toupet plus lâche et évasé, un peu fibreux, il pourrait même s'agir d'un incus, variété de cumulonimbus qui a la particularité d'avoir un sommet élargit en forme d'enclume. La photo ne prend malheureusement pas en compte la totalité du nuage, il aurait fallu que je débute la lecture du livre de Pretor-Pinney avant de décider d'un cadrage aussi serré...

mercredi 20 mai 2009

Théatres de papier

Oona Patterson est une artiste et conteuse britannique.
Pour illustrer les histoires qu'elle imagine, elle crée de merveilleux univers miniatures, sortes de théâtres de poche, faits de silhouettes découpées dans de vieux livres et du papier journal.

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Sous ses doigts habiles naissent une multitude de petites figurines qui s'échappent des pages de leur histoire pour voler de leurs propres ailes et envahir l'imagination du spectateur émerveillé.

Petites scènes exquises et délicates tout en étant faites de moyens sommaires, à la manière du théatre d'objets, voici le monde merveilleux des contes de fées revisité par la magie d'Oona.

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Ans Bakker


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Ans Bakker est une décoratrice hollandaise qui se dit fascinée par les formes vivantes -leurs origines, leur développement, leur vérité propre-, et particulièrement inspirée par la façon dont la lumière enveloppe les êtres et les objets.
Ainsi pour ses créations elle utilise beaucoup de matières claires et translucides, verre, nacre, cristal, mais aussi toute une variété d'éléments végétaux ou minéraux, branches, bois, fer et cuivre, bruts ou recyclés.
Elle travaille toujours en combinant différents matériaux, dans une sorte d'alchimie qui donne à ses objets l'impression d'exister depuis très longtemps et d'avoir été exhumés de quelque sépulture perdue aux confins des royaumes scandinaves.

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Plus encore que la beauté des objets eux-mêmes, c'est une atmosphère qu'elle recherche. A la manière d'un décorateur de théâtre elle pense en termes d'images, elle se projette dans une histoire qu'elle imagine et qui permet à ses créations d'entrer en scène, objets aux allures quelque peu étranges, à l'impact visuel si fort qu'ils parlent d'eux-même, dans un style qui oscille entre baroque et romantisme, mais un romantisme décalé, sorte d'art magique aux accents surréalistes.

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Il lui arrive parfois de mettre quelques années pour finir une série d'objets.
« Je me donne souvent l'impression de déterrer de vieux fossiles » dit-elle. « Ils se développent lentement sous mes mains, au fur et à mesure de l'avancée de mon travail, mais il arrive aussi qu'ils aient leur vie propre et donnent directement forme aux événements qui se créent sous mes doigts. Je décide du moment où tout se fige, c'est comme si j'avais la capacité d'arrêter le temps, moi et personne d'autre. »

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Le travail d'Ans Bakker est caractérisé par une démarche extrêmement personnelle et atypique, mais instinctivement l'idée de pouvoir le partager la séduit, à la façon d'une anthropologue qui dévoilerait les fruits d'une culture vieille de plusieurs millénaires, sorte d'archéologie à rebours. Le temps se serait arrêté, ce serait le temps de la conscience et celui de la découverte...

lundi 18 mai 2009

Fééries aquatiques

Comment parler de nuages sans invoquer les anges !?
M'étant demandé si les nuages avaient des ailes, je me suis mise à l'affût.
J’ai attendu... patiemment j’ai regardé le ciel, et c'est alors qu'après une nuit un peu blanche, baissant les yeux, je les ai apperçues. Formes flottantes et ouvertes, luisant dans les reflets mouvants de l'onde, comme en un ciel ouvert sous un autre ciel.
Sous les nénuphars froissés, j'ai vu la blancheur de ces corps liquides, volants et sinueux, onduleux et vrillés comme des oriflammes, méduses mollement bercées, déployant leurs grands voiles diaphanes en de fantomatiques corolles, étranges et pleines d'une grâce irréèlle...

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Zena Holloway est une artiste de nationalité britannique, originaire du Bahreïn.
Photographe sous-marine, elle utilise les propriétés physiques de l'eau pour créer de surprenantes images.
Cheveux flottants, corps en apesanteur et particules en suspension, déesses subaquatiques, composent des images débordant d'une poésie voluptueuse et féérique. Un monde onirique, très romantique et empreint de pureté, qui a conquis beaucoup d'agences publicitaires.
Ses photos illustrent également un très beau livre que l'on peut consulter sur le site éponyme The Water Babies.

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Click to enlarge« L'eau claire ; comme le sel des larmes d'enfance,
L'assaut au soleil des blancheurs des corps de femmes ;
la soie, en foule et de lys pur, des oriflammes
sous les murs dont quelque pucelle eut la défense ;
»

Rimbaud - Extrait de "Mémoire"

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Et voyant ces corps de femmes échevelées, fantastiques apparitions flottant telles des ludions, comment ne pas imaginer qu'elles puissent être les proies sublimes et miraculeuses du légendaire Boto ¹.
Selon une croyance amazonienne, ce grand dauphin d’eau douce -animal fantomatique capable de surgir près du flanc des bateaux depuis les fonds obscurs sans que nul ne le voit s'approcher- quitte son élément aquatique et sa forme habituelle à volonté pour prendre l’apparence d’un homme élégant, silencieux, portant costume et chapeau blanc.
Sous ce déguisement magique il s'en va nonchalamment perdre ses pas sur les rives du grand fleuve Amazone, à la nuit tombante, s’arrêtant aux abords des villages et se parlant à lui-même dans une langue inconnue, riant ou pleurant, la tête haute et le regard fixe. S'il vient à passer une jeune femme séduisante il l’attire à lui, chante et l'enlace et la fait danser à en perdre la raison, sous les frondaisons tropicales et la tièdeur du vent. Epuisée elle cède et s’abandonne dans ses bras puissants, yeux fermés et lèvres entrouvertes, le front mouillé comme un linceul, dans la lueur des derniers feux du couchant. Alors, lentement, il gagne le rivage et l'entraîne avec lui sous les flots noirs, dans son royaume enchanté d'où elle ne reviendra jamais, tandis que lui reprendra son apparence énigmatique de grand poisson solitaire.

¹ Le Boto ou dauphin rose existe vraiment. C'est un splendide mammifère aquatique, véritable fossile vivant, qui a conservé l'aspect des premiers dauphins du Tertiaire. Ayant quitté les flots salés de l'océan il y a de cela plusieurs dizaines de milliers d'années, il a su remonter peu à peu les fleuves et s'adapter à la vie en eau douce.

vendredi 15 mai 2009

Aristote et Cornélius

Pour faire suite à la grenouille Joconde et en matière de clin d'oeil à Cornélius le Magnifique rencontré chez Marie Alster, voici Aristote mon petit orang-outan, qui plus est celui de mon année si je m'en réfère à l'astrologie chinoise.
N'est pas singe qui veut...

L'angoisse de la page blanche

Tag

J'ai reçu ce matin un tag de La cuisine de quat'sous, c'est bien la première fois que ça m'arrive (qui est-ce qui a rit au fond de la salle ?), plouf plouf, c'est moi qui m'y colle.

8 souhaits à écrire : (je reprends l'acrostiche de Ciorane, les lettres du mot Souhait, c'est plus rigolo mais c'est pas obligatoire !)

  • S comme Sourire, le plus possible
  • O comme Ouvrir, son esprit à tout ce qui nous entoure
  • U comme Utile, savoir l'être autant qu'il faut
  • H comme Hauteur, celle des objectifs que j'aimerais atteindre
  • A comme Amour, ne jamais en être privé, à donner et à recevoir
  • I comme Ivresse, savoir garder l'ivresse, des livres, de la musique et de toutes les formes de créations
  • T comme Trouver l'énergie qui me fait parfois défaut
  • S comme Savoir parler espagnol, italien, japonais...

A quoi font penser ces 10 tags
:
  • MESSAGE : secret, bouteille à la mer, jeu de piste, petits papiers pliés
  • BLOG : petit journal, passions, rencontres
  • PRIX : l'argent m'ennuie
  • CROIX : bannière
  • SCRAP : c'est drôle je pense à varape. Je sais, rien à voir...
  • CRÉATION : plein la tête et plein les doigts
  • BONHEUR : c'est comme la course des nuages, il faut courir, courir...
  • VIE : respect du vivant sous toutes ses formes, animal, végétal
  • ENFANTS : beaucoup, jamais assez, "petits" c'est plus facile mais "grands" c'est passionant
  • PASSION : dévorante sinon rien...

Et j'adresse ce tag à 7 blogueuses :
Unic
Deuzic
Deuzac...
Crac !
Du parti des myosotis
Eudoxie
L'aiguille étourdie
Lou & Tom
Mam'zelle Angèle
Marie les Bas-bleus
Nain de jardin

Et oups', mon message prévu pour aujourd'hui est passé à jeudi, voilà ce que c'est que de brouillonner, tant pis tant mieux...

Au pays des Mursi et des Surma


La basse vallée de l'Omo est un territoire particulier d'Éthiopie méridionale, situé dans la dépression du Rift, qui jouxte le Kenya et le Soudan. Sur quelques 60 000 km2 se côtoient une vingtaine de tribus (Mursi, Surma, Dorze, Hammer, Tsemay, Ari ...) fortes d’un millier à plusieurs dizaines de milliers de personnes.
La nature y est sauvage et les hommes aussi.
Depuis toujours, les peintures corporelles, les bijoux, les scarifications, l’élaboration des coiffures, offrent à ces populations un champ d’expression où ils donnent toute la mesure de leur inventivité et de leur adresse.
Grâce aux difficultés d’accès, ces différentes tribus n’ont connu ni la traite des esclaves, ni la colonisation. Les pouvoirs d’Addis-Abeba, de Nairobi ou de Khartoum, très éloignés de la vallée, ne se sont jamais intéressés à ces habitants.
Dans ce paradis de nature -proche de la vallée de l'Awash où ont été retrouvés les ossements de Lucy et où vivent encore lions, buffles et éléphants, où sur les bords des lacs abondent tisserins dorés et rolliers d’Abyssinie, grues, marabouts et pélicans-, les femmes et les hommes d’aujourd’hui perpétuent des modes de vie ancestraux. Les femmes mursi paradent les lèvres élargies par des assiettes d’argile, les lobes étirés, les corps peints et scarifiés, et les adolescents jouent à se peindre avec de la terre et des pigments de différentes couleurs et se décorent avec les végétaux qu'ils ramassent autour d'eux.

Somptueuses parures végétales des enfants-fleurs, poèmes vivants...
Faire de l’or avec de la boue.
Photographies de Hans Silvester, tirées du livre "Les habits de la nature" (éditions La Martinière).





Dans cette région de nomadisme, le corps est abordé comme un véritable territoire, mais -pour citer David Le Breton ¹- un corps qui fonctionne à la manière d'une borne frontière pour distinguer chaque individu. Le visage est alors le marqueur privilégié de la différence intime.
Hans Silvester écrit : « L'absence de miroir, objet inconnu jusque récemment dans ces tribus, contribue sans doute à cette absolue liberté des peintures. Sans miroir ni même son équivalent naturel -l'eau, limoneuse, est toujours trouble dans la vallée- comment se voir autrement qu'à travers la réaction de l'autre ?
Le reflet, l'image narcissique au sens mythique du terme, n'existe pas. L'image de soi -mais peut-on ici parler d'image de soi ?- se construit donc exclusivement à travers le regard de l'autre. Et, d'une certaine façon aussi, à travers l'objectif du photographe.
Cette situation ne force t'elle pas à inventer quelque chose d'un peu fou, d'un peu extrême, pour que l'autre réagisse, alors que le miroir n'est jamais que le miroir ? Pour cette même raison, ces peintures corporelles ne sauraient se pratiquer seul. Leur exécution rend la présence d'une seconde personne indispensable, au moins pour le visage et pour le dos. Mais souvent, ils sont cinq, dix, au bord de l'eau. Ces peintures s'apparentent à des jeux de groupe. »



¹ David Le Breton - Anthropologie du corps.

mardi 12 mai 2009

Eloge du papier


Créations de papier découpé, formé, déformé, façonné,
assemblé, coupé, gauffré, encollé, plié,
plissé, retordu, cousu, signé...
Objets rêvés, merveilleuses extrapolations de
Violise Lunne,
créatrice danoise.
Belles à regarder, merveilleusement touchantes,
oeuvres éphémères à la façon des objets inanimés d'
Ellwand, trop fragiles pour être portées, mais se laisser ravir par elles...
Une autre forme de rêve après les envolées couturières
de
Manon Gignoux.

L'apparition du papier dans les garde-robes remonte aux années soixante.
En 1966, la firme américiane Scott Paper Compagnie invente un modèle de robe en papier qui n'était destinée qu'à être un objet publicitaire, un instrument de marketing. Pour un dollar, les femmes pouvaient l'acheter et recevoir des coupons pour les produits papetiers de la firme en question.
La robe, plutôt difforme et sans attrait, n'était pas une invention destinée à être prise au sérieux mais, à sa grande surprise, la compagnie reçu en moins d'un an un demi-million de commandes pour ce modèle.
Comment s'en étonner à une époque où les assiettes et les couverts jetables venaient de faire leur apparition ! Les gens cherchaient la facilité et le confort immédiat.
Après les années de privation dues à la guerre et celles d'après-guerre où l'économie reprenait péniblement son essor, la société industrielle s'était engouffrée dans une économie de marché insufflée à coup de plan Marshall par les états-Unis, peu de gens doutaient alors de la durabilité des ressources de la planète et l'origine de la pâte à papier n'inquiétait pas grand monde.
En France on avait de Gaulle, Barthes venait d'écrire Mythologie, c'était l'époque de la DS et celle du fordisme venu d'Outre-Atlantique, celle des beatniks et de Kennedy, l'époque d'une envie de vie facile. La vitesse avait été inventée depuis belle lurette, aux riches heures de la révolution industrielle. On en était à inventer l'accélération, c'était l'avènement du design et de l'aérodynamisme.
Produire et consommer, avec l'invention du développement l'urgence était de mise !
Comment ne pas succomber alors à cette mode originale et sans soucis, puisqu'un ourlet se réglait d'un simple coup de ciseaux, et qu'il suffisait de jeter son vêtement lorsqu'il était sali !
Devant un tel engouement, les agences de mode se lancèrent dans l'aventure en faisant des expériences tant au niveau du style que de la matière première, en ajoutant d'autres matériaux au papier pour obtenir un vêtement plus robuste qui pourrait même être lavé.


La Mars Manufacturing Company fabriqua et diffusa une large gamme qui allait de la simple robe basique à l'élégante tenue de soirée en passant par les tenues de mariage, elle proposait par exemple une traîne de mariée entièrement faite de papier, et rien ne dépassait les 20 dollars.
On inventa tout ce qui était possible, pantoufles en papier, costumes en papier, imperméables et bikinis en papier waterproof, dans la foulée on inventa même une robe sur laquelle poussait de l'herbe lorsqu'on y ajoutait de l'eau. Certaines robes étaient vendues prêtes à être décorées par le consommateur. Andy Warhol lui même succomba quelque peu à cette mode en créant une robe imprimée à partir de ses sérigraphies Campbell.


Alors qu'actuellement nous prenons à l'inverse conscience des limites des ressources que la terre nous offre, certains artistes se sont emparés du principe papier dans un mouvement ascendant, à savoir de ce qui se jette à ce qui produit, témoin ces sublimes créations faites de matières au rebut, vénération ou réhabilitation de matières "secondaires", sorte d'art brut ou d'Arte Povera.


Robe en feuilles d’annuaires téléphoniques
de la créatrice
Jolis Paons,
"plissées, collées, entièrement cousues à la main"...

Robe en papier à cigarette

A l’heure de la rigueur économique et de la protection de l'environnement, voilà un moyen efficace d'entamer avec panache une décroissance conviviale, digne et sans effet de privation...
Une sorte de jeu, à la manière des paper-dolls de notre enfance, en version beaucoup plus évoluée.
Mais gare aux pieds dans le tapis, et surtout aux enfants qui aiment dessiner sur les murs et découper les rideaux du salon, ils risqueraient de prendre de tels vêtements pour un terrain de jeu... Qui pourrait le leur reprocher !
 
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